portraits

Je propose une performance dans laquelle le dessin libéré du papier, s’inscrit sur des visages afin de souligner les marques du temps. Dans ce projet, il s’agit de dessiner l’autre intimement, de l’explorer en profondeur à travers cette matrice que constitue la peau. Le pinceau caresse le visage en cernant délicatement et lentement chaque ride du participant(e). Il accentue chaque sillon et révèle les griffures du passé, du cœur et de l’âme. Ce moment privilégié organisé avec la participation d’une plasticienne, d’un photographe et d’un participant(e) apporte un espace pour se reconnecter à soi-même, un temps pour se raconter, un lien pour créer sur « Qui suis-je? ».

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Ce projet artistique s’inscrit dans une réflexion esthétique sur l’empreinte naturelle et humaine. La peau, cette interface qui est le support de notre existence, de notre vécu se creuse au fur et à mesure de nos cogitations internes. Elle constitue une grille de lecture qui garde les traces de nos états émotionnels passés et présents. Elle enregistre des événements qui laissent des sillons et sculptent notre visage au fil de nos émotions. Cette performance nous amène aussi à une réflexion sociale et intellectuelle. Il pose la question du statut des personnes âgées, de leur apparence. Ce corps sur lequel l’écriture du temps forme un paysage existentiel et qui nous amène à nous questionner sur notre vision de la vieillesse. Nous pouvons nous demander quel message ces visages ridés peuvent renvoyer aux jeunes générations ? Les photographies de visages dessinées produites pendant cette performance témoignent d’une rencontre humaine forte, soulignant la beauté naturelle de ces visages par leur vécu et leur savoir. L’objectif est de valoriser et de mettre en évidence le vécu de ces personnes participantes, de mettre en évidence leur identité. Regarder, se regarder et être regardé. C’est dans cette croisée des regards avec ce questionnement autour du paraître que l’identité de l’être peut renaître.

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Témoignages 

Delphine : << J'ai vécu une expérience sensorielle et sensible très particulière car elle touche à l'intime, à ma perception de moi-même et à mon rapport au temps qui passe.  Douce, légère et gracieuse, la marque du pinceau  représente un moment d'une très grande sensualité et d'une belle complicité avec l'artiste dans un contexte d'observation mutuelle : des regards se croisent, des sourires se répondent, des mots s'échangent alors que les traces apparaissent au fur et à mesure de cette correspondance confidentielle. >>

Jean-Christophe : << Au début, la torture de la plume...rester stoïque...ne pas bouger...puis la torture devient caresse sous la bienveillance de l'artiste. Petit à petit, la curiosité l'emporte sur la sensation directe, se fait doute, puis la délivrance et, enfin, la découverte d'un autre moi...Enivrant. >>

Mark Peintre : << Le trait de Yolande Guérout a tracé le temps. Sa main d'artiste a marqué le peintre model devenu support. Toile humaine, vieille peau qui se dévoile à la mémoire, s'étonne d'être encore et toujours là à l'Aban/Don. Déambulation rouennaise jusqu'à l'Aître qui n'est plus. Etre à Saint-Maclou , au château, à la cathédrale, être à la couleur même mal, même de noir blanchi. IMPRESSIONS.>>

Gilles : << Yolande Guérout est impitoyable. Elle donne à voir ce que nous ne voulons surtout pas voir. Et l'on est déchiré. Le pinceau qui effleure donne envie de rire, mais c'est un rire vite inquiet tandis que la perspective qui nous attend effraye. On est confronté à sa propre vanité. >>