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à vau-l'eau

Yolande Guérout, à vau-l’eau, 2023, série de dessins-impressions, fusain, encre, pointe sèche sur rame de papier chinois, 34 x 68 cm.

Suivre le courant et le fil de l'eau. Le fleuve induit un parcours et nous invite à nous laisser porter. L'eau nous fait perdre nos repères et nous invite à la dérive. A l'échelle de ma création, je propose un voyage en profondeur, un voyage de gouttes d'eau et d'encre dans une rame de papier chinois. Ce qui se passe à la surface de la feuille va aussi avoir une action en profondeur et laisser une empreinte sur les supports suivants créant un effet de palimpseste, construisant une mémoire du parcours de l'eau. Les images vont se construire peu à peu dans une sorte de géologie du dessin. 

À vau-l’eau, œuvre musico-plastique collaborative avec le compositeur Jean-Christophe Ploquin

Boucle musicale acousmatique (8’48) à partir des œuvres à vau-l'eau de Yolande Guérout

L'oeuvre donne à voir mais aussi à entendre. Dessiner, graver, mouiller le papier avec l'eau et l'encre, caresser la surface pour répartir la poussière de fusain : c'est produire des sons. Le processus de travail peut raconter l'œuvre musicalement, restituer les différentes étapes de la création. Plus...

 

 Yolande Guérout fait appel au compositeur Jean-Christophe Ploquin pour accéder à la dimension sonore du processus créatif et nous permettre de vivre des expériences phénoménologiques et sensibles. 

L'œuvre donne à voir mais aussi à écouter. Dessiner, graver, mouiller le papier avec l'eau et l'encre, caresser la surface pour répartir la poussière de fusain : c'est produire des sons. Le processus de travail peut raconter l'œuvre de manière sonore, restituer les différentes étapes de la création. Être sensible aux sons que l'outil exerce sur le support, écouter le long cheminement de l'eau que le papier absorbe lentement jusqu'au cœur de la rame, son écoulement, son évaporation, ses différentes teintes, ses colorations seiches, sourdes ou qui résonnent.

La composition musicale de Jean Christophe Ploquin (8'48 en boucle) nous permet de révéler comment se fait l'œuvre. Toutes les nuances de ce parcours sont retranscrites dans la musique par la temporalité des objets sonores en lien avec l'eau, l'air et le feu : les processus d'écoulement et de séchage sont ainsi perceptibles auditivement alors qu'ils ne sont pas visibles. comme les impressions successives contenues dans la rame de papier, la polyphonie musicale contient ses propres strates. 

Jean-Christophe Ploquin vient sculpter ces sons qu'il a préalablement prélevés du processus plastique. En travaillant les sons que produisent les gestes sur le support, il crée un espace de perceptions haptiques et sensorielles. 

L'exploration sonore nous amène à vivre l'eau de manière très intime. Jean-Christophe Ploquin part de cette manière sonore afin de lui donner du relief et une intensité différents. Il travaille le son en lui appliquant des effets de filtrage, de vitesse, en jouant sur l'amplitude, la fréquence, les superpositions, les décalages pour nous livrer une composition musicale acousmatique donc inouïe au sens étymologique. 

L'espace musical devient un espace psychique dans lequel s'exprime l'œuvre plastique. Il donne à apprécier l'empreinte sonore de la création dans l'infra-mince, une expérience de l'imperceptible. Il est conseiller de prêter l'oreille afin d'accéder à cette dimension. 

à vau-l'eau, entretien avec Olympe Le Touze et Louis.J, janvier 2023